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Un petit groupe de personnes se tient debout, souriant, chacune portant une étole perlée.
À droite : Tasha Simon se tient au centre des diplômé(e)s autochtones de 2025. Chacun porte une étole brodée à la main. À gauche : Tasha Simon, spécialiste principale des programmes autochtones et tante de la faculté de droit.
Quand les étudiantes et étudiants autochtones poussent la porte du pavillon Fauteux, quelqu’un les attend : une personne qui les comprend, qui connaît leur nom et leur vécu et qui accueille leurs joies et leurs peines.

Cette personne, c’est Tasha Simon. Pour beaucoup, elle est la spécialiste principale des programmes autochtones, mais pour quelques étudiantes et étudiants privilégiés, elle est une marraine qui les accompagne dans leurs études en droit.

Pour Tasha Simon, ce rôle de marraine est profondément ancré dans les traditions autochtones de la compassion, de la bienveillance et de la solidarité. « La marraine accompagne les étudiantes et étudiants autochtones en droit durant leur parcours dans cet établissement colonial qui a été créé pour les opprimer », explique-t-elle.

Tasha Simon

« Je leur offre un deuxième chez-soi. Un lieu empreint de chaleur humaine, d’inspiration et de réconfort. Un espace pour se confier, où leur culture est respectée, reconnue et valorisée. Â»

Tasha Simon

— Une marraine à la Faculté de droit

Une diplômée en droit devenue marraine attitrée

Tasha Simon est une Algonquine anishinaabekwe membre de la Première Nation Kebaowek. Elle a obtenu son diplôme de la Section de common law en 2020, à une époque où le rôle de marraine n’existait pas à la Faculté. « Pendant ma première année d’études, je n’ai jamais entendu parler d’un poste entièrement dévolu au soutien aux étudiantes et étudiants autochtones », se souvient-elle.

C’est seulement en 2018 qu’a été créé le poste de conseillère ou conseiller en apprentissage des peuples autochtones. Première à exercer cette fonction jusqu’en 2022, la professeure Danielle Lussier a profondément influencé l’expérience de Tasha Simon. 

« J’ai pu compter sur ma marraine durant ma deuxième et ma troisième année, et ça a tout changé pour moi, assure-t-elle. Elle a été ma planche de salut à la Faculté à une époque où j’éprouvais des difficultés dans ma vie personnelle. C’est grâce à son soutien que j’ai pu réussir et obtenir mon diplôme. »

Aujourd’hui, Danielle Lussier est professeure agrégée, boursière nationale à l’Université Queen’s et titulaire de la Chaire des savoirs et perspectives autochtones de l’établissement. Elle a contribué à instaurer à la Faculté une culture qui met en valeur le savoir et la communauté autochtones grâce à l’établissement de cercles de perlage hebdomadaires et à la création d’étoles perlées personnalisées pour chaque finissante et finissant autochtone. 

Elle décrit ainsi son travail auprès des étudiantes et étudiants autochtones :

Danielle Lussier

« En tant qu’accompagnatrice, je suis là pour soutenir leur (dés)apprentissage et combler les lacunes d’un système d’éducation colonial qui fonctionne exactement comme il a été conçu. Â»

Danielle Lussier (LL.L. 2006, LL.B. 2007, LL.M. 2008, PhD 2021)

— Danielle Lussier est professeure agrégée, boursière nationale à l’Université Queen’s

« Je leur offre un havre d’humilité et de grâce dans l’espoir de les amener à prendre en main leur propre apprentissage et à le traduire en actions en dehors de ma classe », poursuit-elle.

Tasha Simon s’est inspirée de sa prédécesseure et a enrichi le rôle de sa propre expérience. Pour l’avoir elle-même vécu, elle comprend parfaitement le sentiment de perte d’identité que peuvent ressentir les étudiantes et étudiants autochtones dans un système juridique qui a toujours été préjudiciable pour leurs communautés.

« Dans ses fondements mêmes, l’université ne reconnaît pas la culture autochtone, dit-elle. Mon rôle est d’éclairer la voie pour aider l’établissement à réaliser ses engagements en faveur de la réconciliation. »

Une communauté pour la vie

L’influence de Tasha Simon résonne dans les témoignages des personnes qu’elle accompagne. Pour Samantha Moreau (J.D. 2025), qui vient d’obtenir son diplôme et qui copréside la Gouvernance des étudiant(e)s autochtones en droit, Tasha est plus qu’une conseillère : elle est sa raison d’avoir choisi l’Université d’Ottawa.

« Quand j’ai fait mes demandes d’admission, je cherchais une université qui cultivait une solide communauté autochtone », explique-t-elle.

Samantha Moreau

« L’Université d’Ottawa était l’une des rares à avoir créé un poste de spécialiste pour les étudiantes et étudiants autochtones, et Tasha Simon leur offre un accueil et un soutien extraordinaires... Â»

Samantha Moreau (J.D. 2025)

La nouvelle diplômée se rappelle un concours de plaidoirie qu’elle a trouvé particulièrement exigeant, au point de lui faire douter de ses capacités. 

« Je souffrais d’un grave syndrome de l’imposteur, confie-t-elle. Mais Tasha m’a soutenue et encouragée. Elle m’a aidée à m’exercer à l’art de la plaidoirie et m’a redonné confiance en moi. Après le concours, c’est la première personne à qui j’ai annoncé la bonne nouvelle. Elle m’a répondu que c’était la preuve que je suis sur la bonne voie. »

Ben Surmachynski, étudiant de 2e année, assure que l’aide de sa marraine a été essentielle pour surmonter les émotions et les différences culturelles. 

« Les études en droit sont difficiles – mais encore plus pour un étudiant autochtone, insiste-t-il. Dès le départ, Tasha nous a tendu une main forte et nous a guidés et soutenus tout au long du parcours. Je suis convaincu que je n’aurais pas parcouru tout ce chemin sans elle. »

Il précise que, pour une personne autochtone, le choix d’étudier le droit équivaut à s’aventurer en terrain inconnu, d’où l’importance d’un bon réseau de soutien.

Ben Surmachynski

« Ça reste intimidant d’étudier le droit, mais une chose est sûre : on se sent chez soi à la Faculté, parce que Tasha est toujours là pour nous épauler et cultiver notre sentiment d’appartenance . Â»

Ben Surmachynski, étudiant en 2e année

— Co-Président de la GÉAD

Tasha Simon n’éprouve pas de plus grande fierté qu’à la collation des grades de ses protégées et protégés. 

« C’est là que la boucle est bouclée, illustre-t-elle. Tout au long de leurs études, je suis témoin de la force et du courage dont ces personnes font preuve pour surmonter les obstacles. Je suis à leurs côtés dans les moments de bonheur comme dans les périodes difficiles pour les encourager à persévérer et leur offrir un soutien stable dans leur vie. »

collage of beaded stoles

Bien plus qu’un titre

Tasha Simon joue un rôle crucial dans les efforts de décolonisation de l’enseignement du droit à la Faculté. En plus de prendre les étudiantes et étudiants autochtones sous son aile protectrice, elle organise des activités culturelles et axées sur le mieux-être, soutient le perfectionnement professionnel et défend les questions autochtones auprès de l’administration de l’Université.

Mais elle n’est pas sans rencontrer d’embûches. « La décolonisation des institutions repose souvent sur les épaules des personnes autochtones, déplore-t-elle. Ça peut conduire à l’épuisement. » Elle n’en demeure pas moins vouée à l’épanouissement de la prochaine génération de juristes autochtones.

Elle a un message pour celles et ceux qui envisagent d'étudier le droit à l'Université d'Ottawa :

« Oui, les études de droit peuvent s’avérer exigeantes. Mais vous n'êtes pas seuls. « À Fauteux, l'existe une communauté qui comprend ce qu’implique être une étudiante ou un étudiant autochtone en droit. Une communauté qui vous voit, vous soutient et vous prépare à votre avenir dans la profession juridique. »

Eight people stand in a line, facing the camera. They are all smiling and dressed professionally.
Tasha Simon et Rachel Leck, Doyenne adjointe, Affaires étudiantes (au Centre), avec les étudiants et anciens élèves autochtones du programme de common law.

Une tante pour la vie

Qu’on l’appelle mentore, « ma tante » ou simplement Tasha, une chose est claire : Tasha Simon fait bien plus que gérer un programme. Elle tisse des liens étroits, elle construit un chez-soi.

« Une communauté pour la vie, c’est un groupe de personnes sur qui on peut toujours compter, bien après les études, souligne-t-elle. C’est aussi une personne qui reste près de vous. Une mentore pour la vie. Une tante pour la vie. »