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Illustration de la Terre entourée de virus de la COVID-19 et de lignes numériques
Photo : Adobe Stock
Lorsque la prochaine menace pandémique se présentera, ce qui ne manquera pas d’arriver, le Canada ne devrait pas avoir à reconstruire son infrastructure d’intervention à partir de zéro. L’initiative Réseau de réponse rapide aux variants du coronavirus (réseau CoVaRR-Net), qui a récemment pris fin, a prouvé qu’il est non seulement possible, mais essentiel, de disposer d’une équipe préparée et agile, dotée des compétences, des outils et de l’expertise nécessaires pour intervenir rapidement. Le modèle CoVaRR-Net offre un plan d’action clair pour la préparation à de futures pandémies.

Le professeur Marc-André Langlois, directeur général du réseau CoVaRR-Net et expert en virologie moléculaire à l’Université d’Ottawa, a constaté en temps réel les lacunes de la dernière réponse à la pandémie. « Nous ne pouvons pas attendre qu’une crise rassemble les gens, dit-il. Nous devons mettre en place la structure avant que l’urgence ne survienne. Â»

Bâtir un réseau interdisciplinaire canadien

Grâce à un financement de 24 millions de dollars des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le réseau CoVaRR-Net a été mis sur pied et lancé en un temps record. La demande de subvention a été rédigée en seulement neuf jours, et le réseau est entré en fonction en quelques semaines, ce qui témoigne de l’agilité de l’équipe et de l’urgence de la situation.

Dirigé par le professeur Langlois, le réseau a été intentionnellement conçu comme un « réseau de réseaux Â». Il est parvenu à briser les silos pour réunir des spécialistes de la virologie, de l’immunologie, des mathématiques, de l’ingénierie, des services cliniques, des sciences sociales et des données. L’objectif était clair : créer un réseau national adapté aux besoins du Canada.

Le réseau CoVaRR-Net compte maintenant 117 membres permanents et plus de 340 contributrices et contributeurs provenant de 48 Ã©tablissements partout au pays. Leur travail s’articule autour de dix piliers de recherche et de cinq initiatives transversales, dont une biobanque nationale, un système coordonné de surveillance des eaux usées et le Consortium canadien des laboratoires universitaires de biosécurité de niveau 3. Il s’agit là d’infrastructures essentielles pour assurer une intervention rapide et un partage efficace des connaissances.

Retombées concrètes et contributions durables

La portée du réseau CoVaRR-Net dépasse largement les limites du laboratoire. Il a permis de mettre en place des infrastructures essentielles, de former la prochaine génération de spécialistes des pandémies, d’informer les décisionnaires en temps réel et de mobiliser la population canadienne grâce à des activités de sensibilisation et à la couverture médiatique. L’une de ses caractéristiques distinctives est sa direction chargée de l’équité, de la diversité, de l’inclusion et de l’autochtonie, qui dispose d’un droit de veto sur les projets afin de garantir le respect des pratiques exemplaires. « Donner aux chercheuses et aux chercheurs la liberté de poser des questions difficiles en toute sécurité et de trouver des réponses concrètes, c’est en grande partie ce qui a fait le succès de cette initiative Â», explique le professeur Langlois.

Marc-André Langlois

« Donner aux chercheuses et chercheurs la liberté de poser des questions difficiles en toute sécurité et de trouver des réponses concrètes, a en grande partie contribué au succès de cette initiative. Â»

Marc-André Langlois

— Directeur général du réseau CoVaRR-Net et prof. à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa

L’équipe responsable de la mobilisation, du développement et de la recherche autochtones – maintenant le réseau indépendant pour la mobilisation, le développement et la recherche autochtones (CIEDAR) â€“ veille à ce que la souveraineté en matière de santé et la gouvernance des données autochtones demeurent au cÅ“ur des activités. Les travaux de recherche du réseau ont directement contribué à orienter les décisions en matière de santé publique, comme les stratégies de vaccination et l’évaluation des risques d’infection chez les personnes vaccinées. L’investissement du réseau CoVaRR-Net dans la surveillance des eaux usées s’est également avéré inestimable pour assurer le suivi des vagues virales. Ces efforts ont permis de surmonter le scepticisme initial à l’égard de cette technologie et d’établir une nouvelle norme en matière de surveillance pandémique efficace et peu coûteuse.

Leçons tirées pour se préparer aux prochaines pandémies

L’expérience du réseau CoVaRR-Net fait ressortir plusieurs leçons clés :

  • Investissement soutenu : Le financement à long terme est essentiel. Une équipe de recherche préparée représente un coût modeste qui profite grandement à la population.
  • Orientation canadienne avec des liens internationaux : Bien que la collaboration internationale soit importante, les réseaux nationaux assurent des données spécifiques au contexte et nouent des relations de confiance avec les organismes fédéraux.
  • Approche interdisciplinaire : La participation de chercheuses et chercheurs de différentes disciplines est essentielle pour relever ces défis complexes.
  • Collaboration entre le milieu universitaire et le gouvernement : La participation directe et la collaboration avec les décisionnaires garantissent l’élaboration de politiques fondées sur des données scientifiques.

Une équipe permanente pour une préparation durable

Alors que la page se tourne pour le réseau CoVaRR-Net, son plan directeur demeure. Le Canada a besoin d’une unité de préparation interdisciplinaire dotée de fonds et axée sur les données en temps réel, la coordination des laboratoires et la communication entre les scientifiques et les décisionnaires. Lorsqu’une nouvelle menace apparaît à l’horizon, cette unité est prête à intervenir rapidement. « Si nous faisons bien les choses, explique le professeur Langlois, la prochaine menace pourrait être neutralisée avant même de voir le jour. Le public ne saura peut-être même jamais que nous avons travaillé dans l’ombre. Et ce sera la preuve que nous avons bien fait notre travail. Â»

Une unité permanente de préparation, créée sur la base des leçons tirées du réseau CoVaRR-Net, doterait le Canada d’un cadre discret et efficace, pour composer avec les menaces futures.